1. "Je n'ai pas la carte de fidélité, je ne suis pas fidèle."
Le problème avec cette phrase, bien souvent suivi d'un rire gras, c'est qu'on l'entend environ dix fois par jour. Et même si on l'entendait une fois par an, elle resterait vide d'humour. Donc par respect pour ceux qui en ont, abstiens-toi de prononcer ces mots. Etant donné que tu viens de prendre des places pour Les Tuches, ne passe pas pour plus beauf que tu ne l'es déjà.
2. "Je ne respecte jamais le placement numéroté."
Et tu t'es dit que je me ferai certainement une joie de l'entendre. Déjà, c'est pas agréable de prendre conscience qu'on est face à un connard, et de plus, le jour où tu t'assiéras sur le fauteuil d'un type bien vénère qui sera prêt à te briser les genoux pour récupérer sa place, ce sera pas la peine de venir chialer la morve au nez auprès d'un agent, parce qu'il ne pourra rien pour toi.
3. "Le prix de la place est vraiment cher !"
Bah oui, mais si tu viens trois fois par an, le cinéma ne représente clairement pas un budget pour toi, sinon tu posséderais déjà une carte d'abonnement et tu aurais arrêté de te plaindre depuis bien longtemps. Et si tu vas dans un cinéma à grande enseigne, sache que le groupe pour lequel il appartient ne fait certainement pas que de la diffusion mais aussi de la production, et pour produire un film, il faut de l'argent. Après, tu peux toujours aller dans un cinéma de quartier subventionné pour voir un film d'auteur en version pakistanaise avec des sous-titres en hébreu. Ou tu peux aussi rester chez toi et télécharger ton film illégalement et gratuitement en prenant soin de fermer ta gueule.
4. "Je peux entrer en salle ?"
Si cette question n'est posé qu'une seule fois, ça va. Si elle est posé trois fois toutes les dix minutes, là ça devient problématique. En fait, les cinémas sont équipés d'un accessoire d'une modernité inouïe et d'une efficacité à toutes épreuves: un micro. Ce micro sert à faire des appels pour entrer en salle. Donc tu peux relâcher la pression et aller t'asseoir loin, très loin dans le hall, là où ta présence oppressante ne gênera personne.
5. "Vous travaillez ici et vous n'avez pas vu ce film ?"
Autant pour moi, j'avais oublié que mon travail consistait à regarder des films tous les jours pendant huit à dix heures d'affilés, posé en salle avec du pop-corn. Même si je trouve ça odieux de devoir le rappeler, un agent de cinéma va voir des films sur son temps libre, et bien sûr, s'il en a envie. Donc non, je n'ai pas vu ta daube et je n'irai pas la voir, car pour poser des questions aussi insensées tu dois très certainement être un débile avec de profond goût de merde.
6. "Gardez le ticket de caisse."
Alors non. Vraiment, non. Je ne vais pas garder ton ticket et le ramener chez moi comme un trophée pour ensuite le mettre dans un cadre devant lequel je pleurerai d'émotion en pensant à toi. Ton ticket tu le prends et tu le mets dans une poubelle si toutefois tu n'en veux pas. Je ne vais pas le faire à ta place, parce que je ne suis pas ton chien, enculé.
7. "C'est dans quelle salle ?"
Tu as quand même un maximum d'informations sur ton ticket de cinéma alors fait un effort. Il y a la date, l'heure de ta séance, le numéro de la salle, de ton siège, le titre de ton film, le prix que tu as payé et si tu poses encore cette question, peut-être qu'au dos du ticket, en tout petit dans un coin, il y aura un message rempli de haine, griffonné par un agent, qui te souhaite de chopper la chlamydia un dimanche pluvieux d'automne.
8. "Je peux utiliser vos toilettes ?"
Non, tu poses ta merde là, sur le tapis, en plein milieu du hall devant tout le monde, pendant qu'on te pointera tous du doigt avec mépris. Sérieusement, réfléchis à ta question avant de la poser, car la plupart du temps tu as déjà la réponse.
9. "Je n'ai pas de justificatif mais ça se voit que je suis étudiant."
Hé non. Etre étudiant n'est pas un critère physique. Tout comme le fait que ça ne se voit pas sur mon visage que je pratique le curling en club depuis maintenant cinq ans avec ma tante Gérard. Ton justificatif tu le présentes à un agent ou tu crèves.
10. "Je ne me souviens plus du titre du film."
Ce client Alzheimer est souvent le même qui insiste quatorze fois pour entrer en salle, qui réclame pour aller aux chiottes, qui demande le numéro de la salle, qui gueule sur le prix des places, et sur tout le reste, et sur tout le monde, mais qui n'est pas foutu de retenir le titre de son putain de film et par conséquent, qui n'accorde pas un si grand intérêt que ça à sa sortie culturelle et qui n'a donc aucune raison d'être désagréable. Allez nique ta mère.